Déficit: RN et LFI mettent en cause la sincérité du budget et des élections en 2024
Après la révélation d'une lettre de Bruno Le Maire à Emmanuel Macron sur le dérapage du déficit public en 2024, La France insoumise et le Rassemblement national ont dénoncé lundi "omission" et "mensonges" ayant selon eux faussé la "sincérité" du budget et des élections de l'an dernier.
Les oppositions ont vivement réagi au courrier de l'ex-ministre de l'Economie, dévoilé dans un reportage de C Dans L'Air diffusé dimanche sur France 5.
La preuve d'une "omission d'Etat", a fustigé le député LFI Eric Coquerel, quand la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen, y a vu la "confirmation" de "mensonges organisés pour couvrir (les) dérapages insensés du déficit public".
Dans cette missive, datée du 6 avril 2024 et portant la mention "secret", M. Le Maire alertait le président de la République sur la dérive des comptes et lui proposait un budget rectificatif pour y remédier.
"Nous risquons de nous faire accuser de cacher notre copie", avait mis en garde l'ancien locataire de Bercy, prévenant le chef de l'Etat que "toute stratégie d'évitement (était) vouée à l'échec".
En vain: attendu initialement à 4,4% du PIB, le déficit avait finalement atteint 5,8% soit un écart de plus de 40 milliards d'euros. Et Bruno Le Maire, resté en poste de mai 2017 à septembre 2024, avait été accusé par les oppositions d'être responsable des problèmes budgétaires de la France, étant même surnommé "l'homme aux 1.000 milliards" de dette.
- "En parfaite conscience" -
Le gouvernement de l'époque a beau avoir reçu "des alertes en tous sens" sur la gravité de la situation des comptes publics, "rien n'a été suivi d'effet", a souligné M. Coquerel sur BFMTV.
"Rétrospectivement, ça veut dire que le budget qui était présenté était insincère", a ajouté le président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale.
Mme Le Pen a estimé que "ces mensonges" ont également "porté atteinte à la sincérité des élections européennes" puis des législatives qui ont suivi.
Car à ses yeux, la dissolution de l'Assemblée nationale a été décidée "en parfaite conscience" de la situation budgétaire par M. Macron, qui "n'en (a) dit mot". Tout comme, selon elle, le "système politico-médiatique qui cache la vérité aux Français pour faire barrage au RN".
Des accusations balayées par la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, qui a affirmé après le Conseil des ministres que "le président de la République (avait) pris toutes les mesures nécessaires durant cette année 2024 pour réduire les déficits, à commencer par le gel de dix milliards d'euros" dès le mois de février.
L'ancienne députée macroniste a ajouté "au passage" se souvenir "des discussions qu'il y a pu avoir à l'Assemblée nationale où tous les groupes confondus ont reproché à Bruno Le Maire (et) au président de la République de faire ces économies-là, alors que c'était pourtant bien nécessaire".
Elle a invité la classe politique à travailler à la réduction du déficit pour les années à venir "plutôt que de regarder dans le rétroviseur".
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F.Criscuolo--INP