Louvre: la Cour des comptes présente jeudi un rapport très attendu
Trois semaines après le retentissant vol de joyaux nationaux au Louvre, la Cour des comptes publie jeudi un rapport prévu de longue date sur le plus célèbre musée du monde, dont les premières conclusions déjà dévoilées critiquent la protection des oeuvres.
Dans un prérapport, consulté par l'AFP au lendemain du cambriolage, la Cour a pointé "le retard persistant" pris par le musée le plus visité du monde dans le déploiement d'équipements de sécurité pour protéger ses œuvres.
Le 22 octobre sur RTL, son président Pierre Moscovici a précisé que les informations révélées dans cette première étude "ne datent pas d'hier" et sont connues de l'administration du musée, qui a accueilli neuf millions de visiteurs en 2024, dont 80% d'étrangers.
"On n'est peut-être pas totalement conscient de ce qui se passait, de l'ampleur du problème, mais oui, on savait ce qui se passait", a-t-il assuré, excluant tout lien entre les problèmes de sécurité du grand musée et les restrictions budgétaires.
Le rapport définitif dévoilé jeudi ne sera pas uniquement consacré à la sécurité du Louvre, a toutefois indiqué M. Moscovici, précisant qu'il se trouvait alors "en pleine phase de contradiction (c'est-à-dire de réponse aux observations formulées par la Cour, NDLR) avec les ministères concernés", une étape préalable à toute présentation publique.
- Conseil d'administration vendredi -
Les recommandations qui seront formulées par les Sages pourraient faire écho aux premières conclusions de l'enquête administrative confiée à l'Inspection générale des affaires culturelles (Igac) après le vol.
Dévoilées la semaine passée par la ministre de la Culture Rachida Dati, ces conclusions ont mis en évidence une "sous-estimation chronique, structurelle, du risque intrusion et vol" par le musée et "un sous-équipement des dispositifs de sécurité".
La ministre a annoncé des mesures pour répondre à une "faille sécuritaire majeure" à l'extérieur du musée, notamment la mise en place "avant la fin de l'année" de "dispositifs anti-voiture-bélier, anti-intrusion".
Elle a en outre demandé à la présidente-directrice du Louvre, Laurence des Cars, qui dirige le musée depuis septembre 2021, de "revoir la gouvernance" de l'établissement et de créer "une nouvelle direction de la sûreté et de la sécurité au niveau de la présidence" du musée.
Un conseil d'administration du Louvre doit se réunir "en urgence" vendredi.
Sous pression depuis le cambriolage à la portée planétaire, Mme des Cars a reconnu des failles dans le dispositif de sécurité du musée devant la commission des Affaires culturelles du Sénat qui l'auditionnait, il y a deux semaines.
Elle a toutefois réfuté les conclusions du prérapport de la Cour des comptes, déclarant qu'il n'y avait "pas de retard" dans la mise en place du plan de sécurisation du Louvre ou "schéma directeur" des équipements de sûreté.
Le jour du casse, quatre malfaiteurs ont pu garer un camion-élévateur au pied du musée, permettant à deux d'entre eux de se hisser avec une nacelle jusqu'à la galerie d'Apollon.
Ils ont fracturé une porte-fenêtre et dérobé des joyaux royaux et impériaux d'une valeur de 88 millions d'euros, et d'une valeur patrimoniale inestimable, en ouvrant les vitrines qui les protégeaient à l'aide de disqueuses avant de s'enfuir via le même chemin.
Quatre personnes dont trois soupçonnées d'avoir directement participé au casse ont été mises en examen et écrouées à ce stade. Les bijoux restent introuvables.
S.Maiolo--INP