
Des reportages à Gaza, au Soudan et en Ukraine récompensés par le 32e Prix Bayeux des correspondants de guerre

Le photojournaliste palestinien Saher Alghorra (Zuma Press) a remporté samedi en France le 1er prix photo des correspondants de guerre, lors de la 32e édition du Prix Bayeux, dominée par l'Ukraine, Gaza et le Soudan.
Wolfgang Bauer a remporté le prix en presse écrite (Zeit Magazin), Maurine Mercier en radio (RTS-RTBF) et Julie Dungelhoeff, James André et Sofia Amara en télévision (France 24).
Saher Alghorra a été récompensé pour sa série "Trapped in Gaza: Between Fire and Famine". Vainqueur du prix jeune reporter l'an dernier, M. Alghorra est toujours enfermé dans la bande de Gaza.
Il est cette année lauréat du 1er prix pour son travail sur la détresse des civils pris au piège dans l'enclave palestinienne par la campagne militaire israélienne après l'attaque du 7 octobre, qui a fait selon le ministère de la Santé du Hamas plus de 67.000 morts.
En presse écrite, c'est l'Allemand Wolfgang Bauer qui a reçu le 1er Prix pour "Les oubliés" du Soudan, dans le seul hôpital encore capable d'assurer de la chirurgie dans la capitale soudanaise Khartoum.
Le journaliste a remercié par un message vidéo "tous les médecins, infirmières et volontaires" de l'hôpital "qui font tout ce qu'ils peuvent pour sauver des vies tous les jours", au bord des larmes.
- Prix "punk" en radio -
Le jury international présidé par l'auteur américain Jon Lee Anderson a accordé le 1er Prix radio à la journaliste suisse et canadienne Maurine Mercier, qui l'avait déjà remporté en 2022 et 2023, pour son reportage "Prokrovsk, deux fleurs dans les ruines", qui raconte la vie sexuelle de femmes vivants dans l'est de l'Ukraine.
"Ces femmes elles vivent, défendent la démocratie et la liberté", s'est emportée Mme Mercier devant près 1.560 spectateurs à la remise de son prix, "mais je ne pensais pas que vous seriez assez +punk+ pour récompenser ce reportage".
Le trophée télévision a lui été reçu par une équipe de France 24 pour "Les rescapés de l'enfer dans les geôles de Bachar al-Assad" sur les prisons libérées du régime syrien.
"Il est important qu'on puisse continuer à aller sur le terrain à chaque fois que c'est possible pour raconter ces histoires", a déclaré Sofia Amara à côté de ses collègues Julie Dungelhoeff et James André.
Toujours en télévision, catégorie Grand Format, Agnès Nabat et Marianne Getti (Kraken Films pour ARTE Reportage) ont été distinguées pour "Tigré: viols, l'arme silencieuse", une plongée glaçante dans les violences sexuelles de guerre en Éthiopie.
- Un jeune reporter en Birmanie -
Le Prix Jeune Reporter a été décerné à Pierre Terraz (Politis, Neue Zürcher Zeitung, Grands Reportages) qui s'est illustré avec "Birmanie: plongée clandestine dans la guerre civile".
"Tous les jours, des journalistes birmans sont arrêtés, emprisonnés, torturés, exécutés, parfois sur la place publique", a déclaré M. Terraz sur scène. "Je pense fort à eux tous les jours".
Le Prix de l'image vidéo est allé à Edward Kaprov (Lila Production pour ARTE Reportage) pour "Donbass, entre la vie et la mort", un récit poignant de la guerre en Ukraine.
Un hommage a été rendu au journaliste syrien Anas Kharboutli décédé quelques jours avant la fuite de Bachar al-Assad.
Parmi les prix spéciaux, le Prix Région Normandie a été attribué à Jomana Karadsheh, Tareq Al Hilou, Mohammed Al Sawalhi, Mick Krever et Mark Baron (CNN) pour "Ce que quatre heures révèlent sur la vie des enfants à Gaza".
Le Prix Ouest-France-Jean Marin a honoré Declan Walsh (The New York Times) pour "Le Soudan en feu".
Enfin, le Prix du Public-Photo a été remis à Ali Jadallah (Anadolu Agency) pour ses images des attaques israéliennes sur Gaza.
A.Rastelli--INP