
La Corée du Nord met en garde Séoul après des tirs de sommation à la frontière

La Corée du Nord a mis en garde samedi le Sud contre le risque d'une confrontation "incontrôlable" à la suite de tirs de sommation de l'armée sud-coréenne en réponse à une brève incursion des troupes de Pyongyang.
L'incident, qui s'est produit mardi, a été révélé par la Corée du Nord au premier jour d'un déplacement à l'étranger, à Tokyo puis à Washington, du nouveau président sud-coréen Lee Jae-myung qui tente de renouer le dialogue entre son pays et son voisin, toujours techniquement en guerre.
Les faits se sont déroulés alors que des soldats nord-coréens travaillaient à la fermeture permanente de la frontière fortifiée qui divise la péninsule, selon l'agence d'Etat nord-coréenne KCNA, citant un communiqué du lieutenant-général Ko Jong Chol.
L'armée sud-coréenne, confirmant les coups de semonce, a expliqué que plusieurs soldats du Nord avaient alors traversé la frontière "vers 15H00 locales" (06H00 GMT), durant leurs opérations dans la Zone démilitarisée (DMZ) séparant les deux pays, amenant ses troupes à effectuer des tirs de sommation.
Les militaires nord-coréens se sont retirés dans la foulée, a ajouté l'armée, précisant qu'elle surveillait "de près les mouvements des troupes nord-coréennes".
Qualifiant l'incident de "provocation sérieuse", M. Ko a dénombré plus de dix coups de semonce en direction de ses soldats.
"Il s'agit d'un antécédent très sérieux qui pourrait inévitablement entraîner la situation à la frontière sud -- où un nombre très important de troupes sont stationnées -- vers une confrontation jusqu'à une phase incontrôlable", a-t-il estimé.
Vendredi, M. Ko avait prévenu que la Corée du Nord répondrait à toute interférence à ses efforts de fermeture permanente de la frontière, mettant en garde contre toute "provocation militaire délibérée".
Pyongyang accuse ici Séoul d'avoir une "approche double", appelant d'un côté au dialogue tout en aggravant, selon le Nord, les tensions militaires, a expliqué Hong Min, analyste à l'Institut de l'unification nationale coréen.
- Changement de ton -
Les deux Corées restent techniquement en guerre depuis plus de sept décennies, le conflit qui les a opposées de 1950 à 1953 s'étant achevé par un armistice, et non par un traité de paix.
Les relations entre Pyongyang et Séoul sont au plus bas depuis plusieurs années, après que le Nord a lancé une série de missiles balistiques en violation des sanctions de l'ONU l'an dernier.
En avril, l'armée sud-coréenne avait déjà tiré des coups de semonce après une incursion de son côté de la frontière d'une dizaine de soldats nord-coréens, qui avaient battu en retraite.
Les troupes nord-coréennes ont fait une série de petites incursions à travers la frontière l'année dernière, que Séoul a décrit alors comme étant probablement accidentelles.
Mais la tonalité a changé, côté sud-coréen, depuis l'élection début juin de Lee Jae-myung au terme de la longue période de chaos politique provoquée par son prédécesseur Yoon Suk Yeol, qui avait brièvement déclaré la loi martiale en décembre.
M. Lee a promis de "respecter" le système politique du Nord et de construire "une confiance entre les armées", tout en s'engageant a poursuivre le dialogue sans préconditions, ce qui constitue une rupture avec la politique de son prédécesseur.
Il effectue samedi une visite officielle au Japon et doit se rendre lundi aux Etats-Unis, un allié clé de Séoul, pour y rencontrer son homologue américain Donald Trump pour des discussions attendues sur le commerce.
Environ 28.500 soldats américains sont déployés en Corée du Sud pour l'aider à se protéger de la Corée du Nord.
Les deux pays ont entamé le 18 août des exercices militaire conjoints qui doivent s'achever le 28 août et sont destinés à se préparer contre de potentielles menaces venant du Nord, doté de l'arme nucléaire et désormais lié à la Russie par un accord de défense.
La Corée du Sud a par ailleurs retiré début août les haut-parleurs qui diffusaient de la K-pop et des bulletins d'information à la frontière, l'armée affirmant par la suite que le Nord était en train de faire de même.
Ce que l'influente soeur de Kim Jong Un, Kim Yo Jong, a démenti.
M.Costa--INP