La rivalité Chine-USA s'invite au Web Summit de Lisbonne
Les rivalités géopolitiques et commerciales entre les États-Unis et la Chine étaient au cœur des discussions du Web Summit, qui réunit depuis mardi à Lisbonne les acteurs de la tech mondiale.
Au moins 71.000 participants de 157 pays, dont plus de 2.700 start-up et 1.800 investisseurs, sont attendus dans la capitale portugaise jusqu'à jeudi.
Pour cette première journée, entrepreneurs, investisseurs et influenceurs déambulaient dans des pavillons colorés, badge autour du cou, à la recherche des dernières innovations de la tech.
Microsoft a profité de l'événement pour annoncer un investissement de 10 milliards de dollars à partir du début de l'année prochaine dans un méga centre de données au Portugal, en partenariat avec l'entreprise britannique Nscale, afin de développer ses infrastructures dédiées à l'intelligence artificielle.
"Il s'agit d'un des plus importants investissements en capacité de calcul d'IA en Europe", a indiqué le géant américain dans un communiqué.
En matière de centres de données, "la demande dans le domaine de l'IA, en particulier ces cinq derniers mois, est devenue assez folle", a assuré à l'AFP le directeur produit de Nscale, Daniel Bathurst.
-La Chine en vedette -
Cette édition est fortement marquée par l'IA, en particulier par la montée en puissance de la Chine dans ce domaine.
"La moitié des scientifiques et ingénieurs informatiques les plus en pointe sont en Chine. On ne peut pas les ignorer", a déclaré à l'AFP Rev Lebaredian, vice-président en charge des technologies de simulation chez le géant américain Nvidia.
En raison des restrictions imposées à la fois par Pékin et Washington, les puces haut de gamme de Nvidia, utilisées pour former et alimenter les systèmes d'IA générative, ne sont actuellement pas vendues sur le territoire chinois.
"Si nous les excluons, les Chinois trouveront un moyen de développer des choses eux-mêmes, et nous perdrons l'opportunité de travailler avec eux", a poursuivi M. Lebaredian.
"Il est clair que l'ère de la domination occidentale dans la tech est révolue", a insisté lundi soir lors de la cérémonie d'ouverture Paddy Cosgrave, cofondateur du Web Summit.
Ainsi, des robots humanoïdes particulièrement impressionnants de l'entreprise chinoise Unitree ont fait l'objet de plusieurs démonstrations.
La start-up Bambu Lab, basée à Shenzhen, a elle présenté une imprimante 3D capable de confectionner grâce à l'IA générative en quelques heures un objet à partir d'une simple consigne textuelle.
"J'espère voir plus de produits IA qui peuvent être utiles dans la vie de tous les jours", a expliqué à l'AFP une participante, Monica Wang.
- Robotaxis et souveraineté -
"Comment allons-nous passer d'industries dominées par le travail humain à celles entièrement régies par les robots ?", s'est interrogé sur scène Andrew Macdonald, directeur des opérations d'Uber, qui a récemment signé un partenariat avec Nvidia pour rendre autonomes des dizaines de milliers de voitures de différents constructeurs à partir de 2027.
La concurrence mondiale dans le domaine des robotaxis s'est récemment accélérée. Waymo, filiale d'Alphabet (Google), a annoncé son arrivée à Londres en 2026 et plusieurs acteurs chinois comme Baidu et Pony.ai ont fait part de leur intention de se développer sur le marché européen de la voiture autonome.
"Jusqu'à présent, les avancées sur cette technologie sont venues des États-Unis et de la Chine mais cela va changer", a poursuivi M. Macdonald.
Dans le secteur tech, "la compétition s'est intensifiée et durcie", a souligné de son côté la vice-présidente de la Commission européenne chargée du numérique, Henna Virkkunen.
L'Union européenne compte près de 8.000 start-up dédiées à l'IA, a-t-elle ajouté, appelant à une préférence européenne pour les marchés publics afin de les aider à se développer.
"Il est important que nous ne soyons pas dépendants d'un pays ou d'une entreprise pour des technologies critiques", a-t-elle plaidé.
La société suédoise Lovable qui permet à tout un chacun de créer un site sans savoir coder grâce à l'IA générative s'est d'ailleurs distinguée comme l'une des start-up les plus en vue du salon.
L'événement souhaite mettre en lumière "les entreprises prometteuses qui vont bouleverser et façonner la prochaine décennie", a commenté à l'AFP Katherine Farrell, vice-présidente de la communication du Web Summit.
H.Zampino--INP