Rugby: le XV de France à la recherche du cocktail idéal pour sa paire de centres
Avec le duo Barassi - Depoortere, c'est une paire de centres retenue une seule fois jusque-là que le XV de France, toujours à la recherche du cocktail idéal pour ce binôme 12-13, va aligner face aux Fidji samedi.
Le Toulousain Pierre-Louis Barassi en 12, premier centre, Nicolas Depoortere le Bordelais en 13, deuxième centre: ce duo a évolué une fois ensemble en bleu, cet été en Nouvelle-Zélande lors du deuxième test de la tournée, pour une défaite 43-17, la plus lourde de l'ère Fabien Galthié.
Depuis son arrivée après le Mondial 2019, le sélectionneur a aligné 19 paires de centres en 64 matches, avec comme repère le Racingman Gaël Fickou, retenu 41 fois avec huit partenaires différents.
Si des nations comme l'Afrique du Sud, avec le duo De Allende - Kriel, ou l'Irlande, avec Aki et Ringrose, ont longtemps trouvé leur équilibre, le XV de France tâtonne encore, avec seulement 18 matches entamés par la paire Danty - Fickou, la plus souvent retenue devant Moefana - Fickou (8).
Mais Fickou, 31 ans, capitaine pour sa 97e sélection lors de la défaite 32-17 contre les Springboks, ne figure même pas sur la feuille de match samedi. Et c'est donc avec un duo inexpérimenté que les Bleus vont affronter les Fidjiens, en l'absence de Yoram Moefana (25 ans, 36 sélections), qui se remet lui d'une blessure à une épaule.
- le "puissant" et le "puncheur" -
Cette relation 12-13, le "milieu de terrain" comme le qualifie Denis Charvet, ex-centre de l'équipe de France (23 sélections entre 1986 et 1991), est pourtant fondamentale aujourd'hui.
"Centre, c'est un poste qui a beaucoup évolué, plus que les autres", insiste auprès de l'AFP l'ancien du Stade toulousain, consultant chez RMC: "avant, on était plutôt centre droit ou centre gauche, chacun avec son ailier. Mais dans le rugby moderne, premier et deuxième centre, c'est très spécifique. Le 12 doit être très physique, plus puissant, plus agressif sur l'homme en défense, le 12 c'est le régulateur de la défense. Le 13 lui doit être plus puncheur."
"A notre époque, on était alternativement premier ou deuxième centre selon le côté de l'attaque, poursuit l'ex-Agenais Philippe Sella, aligné 111 fois sous le maillot bleu, entre 1982 et 1995. Aujourd'hui, on est plus spécialisé premier ou second centre, le premier qui doit être capable de perforer, d'attirer les défenseurs, qui a des intervalles plus petits, et le second qui doit avoir de la vitesse, presque comme un ailier, pour prendre les intervalles ou l'extérieur."
- Profil presque parfait -
"Alors bien sûr tout n'est pas gravé dans le marbre", insiste Henry Chavancy, centre au Racing 92 pendant 18 ans et plus de 400 matches, selon qui le 12 est aussi "le point d'ancrage de la défense, et celui qui doit pouvoir casser la chaîne de défense adverse sur les premiers temps de jeu".
Si pour le poste de 12 le XV de France a trouvé un profil presque parfait avec le Bordelais Moefana, après des figures comme le Toulonnais Bastareaud (54 sélections entre 2009 et 2019) ou donc le Rochelais Danty, il est toujours à la recherche d'une combinaison 12-13 idéale avec, outre Fickou ou Barassi, de nombreux jeunes qui se bousculent au portillon comme Depoortere, les Palois Brau-Boirie ou Gailleton et les Toulousains Gourgues ou Costes.
"Moefana a changé de dimension", selon Charvet, très élogieux aussi envers Kalvin Gourgues, un joueur qui "a toute la panoplie, qui pue le rugby". Quant à Brau-Boirie, à peine 19 ans, il avait tapé dans l'oeil de Chavancy lors de la rencontre entre Pau et le Racing en mars 2025: "Je n'avais jamais entendu parler de lui, mais j'avais découvert un sacré joueur."
Le rêve de Charvet ? Que les Bleus trouvent une paire comme Ma'a Nonu - Conrad Smith, doubles champions du monde, 62 fois associés sous le maillot des All Blacks: "C'était la paire idéale, il n'y pas de débat, des extraterrestres !"
A.Riccobono--INP