"Vive la liberté": Camilo Castro de retour en France après cinq mois de détention au Venezuela
"Vive la liberté": Camilo Castro, un Français détenu au Venezuela depuis juin, est rentré dimanche en France, au lendemain de sa libération, visiblement ému et éprouvé.
Ce professeur de yoga de 41 ans a atterri dans l'après-midi à l'aéroport parisien d'Orly.
"Vive la liberté, vive l'égalité et vive la fraternité. Puissent tous les êtres sur cette terre vivre libre de toute souffrance", a-t-il déclaré, des sanglots dans la voix, au côté de sa famille et du chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot venus l'accueillir.
"On ne peut pas se représenter (l'émotion que cela représente, NDLR) par rapport à toutes les joies qu'on a dans la vie, toutes les bonnes surprises, tous les soulagements", avait réagi plus tôt à l'AFP la mère de M. Castro, Hélène Boursier.
Camilo Castro avait disparu le 26 juin au poste-frontière de Paraguachon, séparant le Venezuela de la Colombie, où il réside. Il s'y était rendu pour renouveler son visa de séjour colombien, selon sa famille, avant de disparaître.
Les autorités vénézuéliennes ont tardé à reconnaître qu'elles le détenaient et n'ont jamais communiqué le motif de son arrestation.
Elles l'accusaient d'entrée illégale sur le territoire, ont indiqué les autorités françaises, qui jugent cette accusation "sans fondement".
Selon son beau-père, Yves Guibert, "il a été arrêté parce qu'il était Français, essentiellement pour ça, et accusé injustement d'être un agent de la CIA, ce qu'il n'était absolument pas".
Ses conditions de détention ont été "extrêmement difficiles", a-t-il ajouté, disant avoir "une pensée particulière pour tous les otages français qui sont enfermés à l'étranger".
- "Aucune contrepartie" -
Il n'y a eu "aucune contrepartie" pour sa libération, a pour sa part assuré Jean-Noël Barrot.
"Je salue le geste des autorités vénézuéliennes. Je remercie tout particulièrement mes homologues brésiliens et mexicains qui ont passé un certain nombre de messages en lien étroit avec moi", a-t-il ajouté.
Ce succès pour la diplomatie française survient après la sortie de prison, le 4 novembre, de Cécile Kohler et Jacques Paris, deux Français détenus en Iran depuis trois ans et désormais hébergés à l'ambassade de France à Iran, et la grâce obtenue le 12 novembre par l'Allemagne de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré pendant un an par l'Algérie et désormais soigné en Allemagne.
"Le Quai d'Orsay, au-delà de négocier la libération de nos ressortissants lorsqu'ils sont retenus en otages ou en détention arbitraire, suit la situation de plus de 2.000 Français qui sont en détention ou en rétention à l'étranger", a rappelé le ministre.
Camilo Castro a indiqué à ses proches vouloir que "la lutte continue pour ses codétenus, parce qu'il y a des personnes de toutes nationalités qui sont encore là-bas", selon Thierry Galvez, coresponsable d'Amnesty International Midi-Pyrénées où est installé sa famille.
"Ce n'est pas parce que pour nous ça se termine bien qu'on va s'arrêter là. On pense aux autres, on ne va pas les oublier", a martelé sa mère, militante de longue date d'Amnesty International.
- "Diplomatie des otages" -
Le Venezuela est considéré comme un pays ayant recours à la pratique de la "diplomatie des otages", à l'instar notamment de l'Iran, arrêtant des ressortissants étrangers utilisés ensuite comme levier de négociation.
Cette libération intervient dans un contexte de vives tensions entre le Venezuela et les Etats-Unis.
Washington mène depuis septembre des frappes aériennes au large de l'Amérique latine contre des navires présentés, sans preuve, comme appartenant à des trafiquants de drogue et ont promis une récompense pour la capture du président vénézuélien Nicolas Maduro.
Les frappes américaines, critiquées par Paris, ont coulé au moins 21 navires dans les eaux internationales et fait au moins 80 morts.
Selon Caracas, Washington utilise la lutte antidrogue comme prétexte pour imposer un changement de gouvernement à la tête du Venezuela et s'emparer du pétrole du pays.
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A.Imbrogno--INP