Un millier de vols annulés aux Etats-Unis, sous paralysie budgétaire
Un millier de vols ont été annulés vendredi dans les aéroports américains en raison du blocage budgétaire qui s'étire et a conduit les autorités à alléger le trafic aérien face à la pénurie d'aiguilleurs du ciel.
Par mesure de sécurité, l'administration Trump a imposé mercredi une réduction du trafic dans quarante des aéroports américains les plus fréquentés face au manque de personnel dans les tours de contrôle, auquel il est demandé depuis plus de cinq semaines de travailler sans être payé du fait du "shutdown".
Les vols internationaux ne sont pas concernés, a confirmé vendredi le ministre des Transports Sean Duffy.
Arrivé sans encombre à New York du Canada vendredi, Ravi, un homme d'affaires quadragénaire qui ne souhaite pas donner son nom de famille, doit repartir pour Miami dimanche. "Nous espérons ne pas être affectés. Je reprends donc un autre vol. Je n'ai pas envie mais c'est déjà réservé", dit-il à l'AFP.
Un millier de vols ont été annulés vendredi, selon le site de suivi FlightAware, qui identifie les aéroports de Washington (Reagan), Chicago O'Hare et Atlanta comme ceux les plus touchés. Environ 700 annulations sont annoncées pour samedi.
L'aéroport Reagan de la capitale a averti dans l'après-midi sur les réseaux sociaux "prévoir des retards importants et des annulations dans la soirée en raison de la réduction du trafic aérien."
- Vols intérieurs et régionaux -
D'après le ministère des Transports, le trafic aérien est réduit de 4% vendredi, puis le sera de 6% mardi et jusqu'à 10% dans une semaine, si la paralysie budgétaire se poursuit.
Depuis l'aéroport de Miami, Jose Rincon, 78 ans, s'attend à "beaucoup de problèmes à partir de ce week-end". "Et je ne sais pas pourquoi le gouvernement laisse durer le blocage, surtout pour des choses aussi essentielles que la sécurité et le confort des passagers", considère-t-il auprès de l'AFP.
"Réduire les vols, si c'est une question de sécurité, absolument, mais on n'aurait jamais dû en arriver là", déplore Elvira Buchi, venue chercher sa fille à l'aéroport de La Guardia à New York.
Dans son 38e jour vendredi, la paralysie budgétaire est la plus longue de l'histoire américaine, parlementaires républicains et démocrates étant incapables de s'entendre sur un nouveau budget.
La compagnie aérienne United indique que les annulations se concentrent sur "les vols intérieurs et régionaux qui ne relient pas nos hubs" aéroportuaires.
Ces perturbations s'ajoutent aux files d'attente qui s'allongent aux points de contrôle gérés par des agents de sécurité, également privés de salaire depuis plus d'un mois.
- "C'est beaucoup demander" -
Elles débutent à la veille d'un week-end que nombre d'Américains prolongeront jusqu'au mardi 11 novembre, férié aux Etats-Unis. Et elles surviennent à l'approche de Thanksgiving, la grande fête familiale pour laquelle des millions d'Américains prennent l'avion chaque année, le 27 novembre.
"Si vous devez aller à un mariage, des obsèques ou autre chose d'important dans les prochains jours, compte tenu du risque d'annulation de vols, je conseillerais d'acheter un billet de secours sur une autre compagnie", suggère le patron de la compagnie à bas coût Frontier, Barry Biffle, sur les réseaux sociaux.
A titre d'illustration, le régulateur aérien américain (FAA) expliquait le 31 octobre que la moitié des 30 aéroports principaux "connaissent des pénuries de personnel" et que près de 80% des contrôleurs aériens étaient absents dans les aéroports new-yorkais". "Après 31 jours sans salaire, les contrôleurs aériens sont soumis à un stress et une fatigue immenses".
"C'est beaucoup demander que de travailler sous pression sans être payé", souligne auprès de l'AFP Kathleen, retraitée de 81 ans arrivée à New York de Saint Louis, dans le Missouri.
Autour de 14.000 contrôleurs aériens surveillent le ciel américain. Chaque jour plus de trois millions de passagers prennent l'avion aux Etats-Unis, à raison de plus de 44.000 vols en moyenne, selon la FAA.
M.Dodaro--INP