
Israël mène des raids meurtriers à Gaza, accuse le Hamas de violer le cessez-le-feu

Israël a mené des dizaines de frappes meurtrières dimanche dans la bande de Gaza, disant viser des cibles du Hamas qu'il a accusé d'attaques contre ses troupes, les premières violences de cette ampleur depuis l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu il y a neuf jours.
La Défense civile, opérant sous l'autorité du mouvement islamiste palestinien, a fait état de 33 Palestiniens tués dans les frappes israéliennes. L'armée israélienne a elle annoncé la mort de deux soldats tués au combat à Rafah, dans le sud du territoire palestinien.
Alors que la trêve parrainée par le président américain Donald Trump risque de voler en éclat, Israël a suspendu l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza "jusqu'à nouvel ordre, après la violation flagrante de l'accord par le Hamas", selon un responsable de sécurité israélien.
"C'est comme si la guerre avait repris. Nous espérions que l'accord tiendrait, mais l'occupant ne respecte rien, aucun accord. Depuis cet après-midi, les bombardements se sont considérablement intensifiés, des maisons, des tentes et une école ont été touchés. Le sang coule de nouveau", déplore Abdallah Abou Hassanein, 29 ans, à Bureij (centre).
Des images de l'AFP montrent des Palestiniens courir pour trouver un abri après des bombardements dans ce secteur. Un nuage de fumée s'élève au-dessus de bâtiments détruits sur le site d'une frappe.
Des blessés et des corps de victimes ont été transportés dans un hôpital de Deir al-Balah (centre), où des Palestiniens pleurent leurs proches, des images quotidiennes durant la guerre à Gaza.
- "Avec toute sa force" -
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a ordonné d'agir "avec force" contre le Hamas et son ministre de la Défense, Israël Katz, a averti que le mouvement paierait "un lourd tribut" pour chaque tir contre ses soldats.
L'armée israélienne, qui contrôle la moitié du territoire palestinien, a dit y avoir frappé "des dizaines de cibles terroristes du Hamas", dont des stocks d'armes et tunnels, "en réponse à la violation flagrante du cessez-le-feu".
Selon un responsable israélien, le Hamas a tiré sur les troupes à Rafah (sud) et des combattants palestiniens qui s'étaient approchés de zones de contrôle israélien à Beit Lahia (nord) ont été "éliminés lors d'une frappe".
L'armée a diffusé des images montrant ce qu'elle décrit comme des combattants palestiniens s'approchant de ses forces dans cette localité.
Après les premières accusations israéliennes à la mi-journée, le Hamas a affirmé n'avoir "aucune connaissance d'incidents ou d'affrontements" à Rafah et a réaffirmé son "engagement total à mettre en œuvre tout ce qui a été convenu, en premier lieu le cessez-le-feu."
Selon un témoin, des combattants du Hamas avaient ciblé un groupe rival dans un secteur de Rafah, près duquel des chars israéliens sont déployés. "Il semble qu'il y ait eu des affrontements. L'armée de l'air israélienne a ensuite mené des frappes."
Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.
L'armée "doit reprendre les combats à Gaza avec toute sa force" et "anéantir totalement le Hamas", a dit Itamar Ben-Gvir, ministre et figure de l'extrême droite israélienne.
- Witkoff au Moyen-Orient -
Ces violences surviennent alors que l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, est attendu au Moyen-Orient la semaine prochaine.
Sous la pression du président américain, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 10 octobre à Gaza après deux ans de guerre destructrice, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023.
En vertu de la première phase de l'accord basé sur un plan de M. Trump, le Hamas a remis le 13 octobre, en échange de près de 2.000 prisonniers palestiniens les 20 captifs vivants qu'il détenait encore depuis le 7-Octobre et a rendu jusque-là 12 des 28 dépouilles d'otages toujours retenues à Gaza.
Dimanche, le Hamas a annoncé avoir trouvé un 13e corps d'otage à Gaza, s'engageant "si les conditions le permettent" à la restituer plus tard à Israël.
Après le cessez-le-feu, l'armée israélienne, qui contrôle tous les accès de Gaza, avait laissé entrer via un point de passage des camions d'aide humanitaire, mais les organisations internationales jugent ces aides très insuffisantes et ont appelé à l'ouverture de tous les passages, dont celui de Rafah avec l'Egypte.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.
L'offensive israélienne a fait 68.159 morts à Gaza, en majorité des civils, et provoqué un désastre humanitaire, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.
S.Maiolo--INP