
Dans Gaza dévastée, le chef humanitaire de l'ONU évoque une tâche monumentale

Le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, s'est rendu samedi dans la ville de Gaza dévastée par la guerre, constatant la tâche monumentale qui attend les organisations d'aide internationales pour y fournir les services de base et la nourriture.
En Israël, les autorités ont annoncé avoir identifié la dépouille d'un otage remise la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 10 octobre.
Premier haut responsable de l'ONU à se rendre dans la bande de Gaza depuis la fin des hostilités, M. Fletcher est arrivé dans la ville éponyme à bord d'un convoi de jeeps blanches de l'ONU, au milieu des décombres de maisons détruites.
"J'étais ici il y a sept ou huit mois. La plupart de ces bâtiments étaient encore debout. Mais là, c'est absolument épouvantable de voir une vaste partie de la ville devenue un paysage de désolation", a-t-il dit à l'AFP dans le quartier de Cheikh Radouane, où il a inspecté une station d'épuration des eaux usées.
Une grande partie du territoire palestinien a été détruite durant l'offensive israélienne lancée en représailles à une attaque d'une violence sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.
"Nous avons maintenant un plan massif de 60 jours pour intensifier l'approvisionnement alimentaire, distribuer un million de repas par jour, commencer à reconstruire le secteur de la santé, installer des tentes pour l'hiver, remettre des centaines de milliers d'enfants à l'école", a dit M. Fletcher.
- Le corps d'un otage identifié -
Le responsable de l'ONU, entré vendredi dans la bande de Gaza, a estimé que le bureau de coordination de l'aide humanitaire de l'ONU (Ocha) devra faire face à "une tâche énorme (...) mais nous le devons aux gens ici qui ont traversé tant d'épreuves". "Il y a un "énorme, énorme travail" à faire.
Les agences humanitaires appellent à l'ouverture de tous les points de passage dont celui de Rafah avec l'Egypte, crucial pour l'entrée des aides.
A travers le territoire palestinien, les secours s'activent pour retrouver des corps de Palestiniens ensevelis sous les gravats, alors que le Hamas cherche les dépouilles d'otages qu'il doit encore remettre à Israël.
Pour aider à ces recherches, une équipe de l'agence turque de gestion des catastrophes attend du côté égyptien de la frontière de pouvoir entrer à Gaza, selon un responsable turc.
Aux termes de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas devait libérer tous les otages, vivants et morts qu'il détenait, au plus tard le lundi 13 octobre à 09h00 GMT.
Il a libéré dans les temps les 20 derniers otages vivants mais n'a restitué depuis lundi que dix dépouilles sur les 28 qu'il retenait.
Samedi, les autorités israéliennes ont annoncé avoir identifié la dépouille d'Eliyahu Margalit, un septuagénaire tué le 7 octobre 2023 par le Hamas qui a ensuite emmené son corps à Gaza.
L'armée israélienne a, en échange, remis les corps de 15 combattants palestiniens dans la bande de Gaza.
- Neuf morts à Gaza selon les secours -
Israël a réaffirmé qu'il "n'épargnerait aucun effort jusqu'au retour de tous les otages décédés", accusant le Hamas de violer l'accord de cessez-le-feu après le retard pris pour les remettre.
Un porte-parole du Hamas, Hazem Qassem, a réitéré l'engagement du mouvement à remettre toutes les dépouilles d'otages, mais souligné que cette question "nécessitait du temps".
Le mouvement islamiste a aussi dénoncé de "nombreuses violations de l'accord" par Israël.
Selon la Défense civile, opérant sous l'autorité du Hamas, neuf Palestiniens ont été tués vendredi par des tirs israéliens contre un bus de déplacés à Gaza-ville. L'armée israélienne a indiqué que ses soldats avaient tiré sur un véhicule "suspect".
Une étape ultérieure du plan Trump prévoit le désarmement du Hamas et l'amnistie ou l'exil de ses combattants et la poursuite du retrait israélien, des points qui restent sujets à discussion.
L'attaque du 7 octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.
L'offensive israélienne a fait 68.116 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, et provoqué un désastre humanitaire.
Selon la Défense civile de Gaza, "plus de 280 corps de martyrs ont été retrouvés sous les décombres" depuis le 10 octobre. Les autorités locales estiment qu'environ 10.000 corps y sont toujours ensevelis.
L.Gallo--INP