
Vote de confiance: Macron en "soutien total" au choix de Bayrou

Emmanuel Macron a apporté mercredi en Conseil des ministres son "soutien total" au choix de François Bayrou de solliciter un vote de confiance, a priori perdu d'avance, devant l'Assemblée nationale le 8 septembre sur le désendettement de la France.
Selon la porte-parole du gouvernement Sophie Primas, le président a apporté "son total soutien à la démarche selon laquelle il faut qu'on se mette d'accord sur la nécessité de retrouver une trajectoire des finances publiques plus conforme avec l'idée que nous nous faisons de notre souveraineté budgétaire".
Sur la situation financière de la France, à l'origine de l'annonce surprise du Premier ministre lundi, le président a jugé que "nous ne devons être ni dans le déni de réalité, ni dans le catastrophisme".
Appelant à "la responsabilité" les partis "qui souhaitent être des partis de gouvernement", il a repris l'argumentaire de François Bayrou selon lequel le vote du 8 septembre sera un vote "sur les principes" des près de 44 milliards d'euros d'économies budgétaires en 2026, mais pas sur les mesures elles-mêmes qui seront négociées dans un second temps.
Comme le prévoit l'article 49-1 de la Constitution, le Conseil des ministres a autorisé le Premier ministre à engager la responsabilité du gouvernement.
La décision de l'exécutif ouvre cependant une nouvelle période d'incertitudes qui place de nouveau M. Macron en première ligne. Car les oppositions de gauche et d'extrême droite ont fait savoir qu'elles ne voteraient pas la confiance, et le gouvernement a donc toutes les chances de tomber.
- incompréhension -
Une conséquence qui rend le choix de M. Bayrou, confronté à l'impopularité de son plan d'économies budgétaires, largement incompris au sein de la classe politique.
"Pas de méthode, pas de contacts, pas de négociation pendant l'été. Et tout d'un coup, faites-moi confiance en général et ensuite on pourra discuter", a résumé à gauche sur France 2 Raphaël Glucksmann qui y voit "un mal français, le manque d'humilité".
Un malaise partagé à mots couverts dans le camp présidentiel. "Cette décision, elle est prise. On peut ergoter sur: +Est-ce qu'il fallait la prendre ou pas? Elle est là", a balayé l'ex-Premier ministre Gabriel Attal sur France inter.
Même au sein du socle gouvernemental, la confiance n'est pas complètement garantie, notamment au sein de la cinquantaine de députés Les Républicains (LR) où "il n'y a pas à ce stade d'unanimité sur le vote de confiance", a indiqué à l'AFP une source parlementaire.
M. Bayrou a promis mardi de se battre "comme un chien" pour éviter la chute du gouvernement et demandé aux oppositions de "réfléchir" et de renoncer à leurs "réflexes spontanés", les appelant à choisir entre le "chaos" et "la responsabilité".
Dans un message visant principalement les socialistes, qui ont annoncé dès lundi qu'ils voteraient contre la confiance alors que Matignon espérait trouver un compromis avec eux, il a souligné qu'il ne demandait "à personne de se renier" et se dit prêt à négocier sur la taxation des hauts patrimoines.
- dissolution -
Le chef du gouvernement, qui espère que les Français fassent pression sur leurs députés en sa faveur et s'exprimera mercredi soir au 20H00 de TF1, n'a pas non plus l'opinion publique de son côté: seuls 27% des personnes interrogées disent espérer que M. Bayrou soit maintenu en fonction par les députés, selon un sondage Elabe.
Dans un autre sondage Ifop, 63% des Français réclament une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale alors qu'ils n'étaient que 41% début juin.
Une dissolution, jusqu'ici écartée par le chef de l'Etat et que seul le Rassemblement national réclame, LFI demandant de son côté une présidentielle anticipée.
Gabriel Attal ne croit ainsi pas "qu'une nouvelle dissolution apporterait de la stabilité". "Ce n'est pas aux Français de régler les problèmes de l'Assemblée, c'est à l'Assemblée de régler ses propres problèmes", a-t-il estimé.
Même embarras chez les socialistes. En cas de dissolution, un accord programmatique entre le PS et LFI tel que celui négocié sous l'égide du Nouveau front populaire (NFP) en 2024 "ne paraît pas concevable", estime le chef des députés socialiste Boris Vallaud pour qui "la logique voudrait que le président de la République laisse sa chance à la gauche" à Matignon.
Dans un entretien à l'AFP, la cheffe des Ecologistes Marine Tondelier a appelé M. Macron à nommer un Premier ministre de gauche.
L'incertitude politique se transmet sur les marchés, même si, après avoir été sous pression ces deux derniers jours, le taux d'intérêt à dix ans de la dette française se stabilisait mercredi, à 3,50% au même niveau que la veille.
En écho, le président du Medef Patrick Martin a lancé "un appel à la responsabilité" aux politiques car "on ne joue pas avec l'économie".
La dette publique française représente près de 114% du PIB, soit la troisième plus importante de la zone euro derrière la Grèce et l'Italie.
S.Abato--INP