
Déserts médicaux: des généralistes en renfort dans 151 zones rouges

Le ministre de la Santé Yannick Neuder a dévoilé vendredi les 151 zones rouges, principalement au centre et sud-ouest hors littoral de la France, qui bénéficieront dès septembre du soutien de médecins généralistes, jusqu'à deux jours par mois, pour lutter contre les déserts médicaux.
Avec cette carte, qui identifie 151 intercommunalités prioritaires pour l'accès aux soins, "on ne règle pas les déserts médicaux" puisqu'ils concernent "87% du pays", a indiqué le ministre interrogé sur BFMTV. Mais "c'est une première étape" qui va bénéficier à plus de 2,5 millions de patients, a-t-il précisé.
Sans surprise, dans une diagonale partant du nord-est, le centre de la France et le sud-ouest, hors littoral, ont le plus de zones rouges sur la carte du ministère. Tandis qu'en outremer, la Guyane et Mayotte sont les plus mal lotis. C'est déjà ce qui ressortait de l'atlas de la démographie médicale 2025 publié en mars par l'Ordre des médecins.
Le découpage du ministère de la Santé est le fruit d'un travail "réalisé avec les préfets, les agences régionales de santé, les élus locaux, et également les professionnels de santé, pour identifier les secteurs particulièrement désertiques", a détaillé M. Neuder.
Il permet, selon lui, d'"identifier et de provoquer sur ces territoires-là une solidarité collective, un engagement collectif au 1er septembre".
- "Volontaires" -
Le 25 avril, une mesure gouvernementale a été adoptée pour instaurer une "mission de solidarité territoriale obligatoire", revenant à imposer à tous les médecins exerçant en zone bien pourvue de se "projeter" dans les zones prioritaires, jusqu'à deux jours par mois.
"On va inciter les médecins, et après, il faut rôder aussi le système, trouver les lieux, ces maisons médicales, ces bureaux qui sont disponibles pour accueillir les patients", a développé M. Neuder.
Dans "l'attente de l'adoption des dispositions législatives actuellement examinées par le Parlement, cette mesure permettra à tous les médecins généralistes volontaires de venir renforcer, sur une partie de leur temps, l'offre de soins dans 151 zones dites +zones rouges+", peut-on lire dans le communiqué du ministère de la Santé.
Le mot "volontaires" est important pour les médecins, car l'entourage de François Bayrou évoquait fin avril des contreparties financières pour les praticiens partants, alors que "les médecins qui refuseraient se verraient pénalisés".
"Il ne faut pas que ce soit l'idée de contrainte, d'obligation", avait insisté fin avril à l'AFP Agnès Giannotti, présidente de Médecins généralistes (MG France, majoritaire chez les libéraux).
- "Aléatoire" -
Dans un communiqué diffusé par le député socialiste Guillaume Garot, un groupe transpartisan de 250 parlementaires pointe de "nombreuses questions" restant en suspens avec ce dispositif : "disponibilité de médecins exerçant à proximité des zones rouges, c'est-à-dire dans des territoires déjà très tendus", "caractère pour le moment facultatif – donc aléatoire", et "surtout, absence de suivi régulier des patients par le même praticien".
Pour ces élus, il s'agit "selon l'aveu même du gouvernement d'un dispositif destiné à parer à l'urgence" qui "ne peut en rien remplacer les réponses de fond".
Guillaume Garot est à l'initiative d'une proposition de loi, portée par ce groupe transpartisan, visant à réguler l'installation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux, adoptée début mai par l'Assemblée nationale. Avant de s'installer, les médecins libéraux ou salariés devraient solliciter l'aval de l'Agence régionale de santé. Il serait de droit dans une zone manquant de soignants, mais dans les territoires mieux pourvus, le médecin ne pourrait s'installer que lorsqu'un autre s'en va.
Le groupe transpartisan demande à nouveau "l'inscription dans les meilleurs délais" à l'ordre du jour du Sénat de cette proposition.
C'est un casus belli pour beaucoup de médecins, notamment des étudiants et internes en médecine, qui ont manifesté fin avril.
Yannick Neuder, tout en saluant le travail du groupe de députés, avait rappelé son opposition à cette mesure au moment du vote à l'Assemblée.
A.Riccobono--INP