
Ukraine: nouvel échange de prisonniers de guerre entre Kiev et Moscou

La Russie et l'Ukraine ont procédé jeudi à un nouvel échange de prisonniers de guerre concernant les militaires grièvement blessés ou malades, seul résultat des négociations entre les deux belligérants et après plusieurs nuits de frappes russes.
A ce stade, ni Kiev ni Moscou n'ont précisé le nombre de prisonniers qui avaient été échangés pour cette troisième phase d'un accord conclu lors de pourparlers directs à Istanbul début juin. L'échange de prisonniers et de corps de soldats tués étaient les seuls résultats concrets de cette rencontre.
"Aujourd'hui, des soldats des forces armées, de la garde nationale et des gardes-frontières sont de retour à la maison", s'est félicité le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Telegram.
M. Zelensky, dont le pays se bat depuis trois ans contre l'invasion russe, a publié une photo de ces soldats ukrainiens, enveloppés dans des drapeaux nationaux, accueillis à leur arrivée en Ukraine.
Il a par ailleurs dit lors d'une conférence de presse espérer pouvoir échanger avec Donald Trump en marge du sommet du G7 au Canada, pour le convaincre de mettre en place de nouvelles sanctions contre la Russie
"Un groupe de militaires russes a été renvoyé depuis le territoire contrôlé par le régime de Kiev", a de son côté indiqué le ministère russe de la Défense, qui a confirmé l'échange.
Il a publié dans la foulée une brève vidéo montrant les soldats russes libérés, drapeau russe sur le dos, certains appelant leurs proches.
- "Celui-là est vivant" -
Côté ukrainien, comme lors de chaque échange, les prisonniers libérés ont été assaillis à leur arrivée par des familles de soldats disparus tentant, les larmes aux yeux, d'obtenir des nouvelles de leurs proches, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les militaires blessés sont arrivés dans des ambulances, puis certains, sans jambes, emmenés sur des chaises. L'un d'eux a regardé les portraits de disparus brandis par des proches : "Celui-là est vivant", a-t-il dit lorsque son regard s'est posé sur l'un d'entre eux.
Selon le commissaire ukrainien aux droits humains, Dmytro Loubinets, les soldats ukrainiens libérés jeudi étaient "détenus depuis les premiers jours" de l'invasion russe. Ils sont âgés de 22 à 59 ans.
Les échanges de prisonniers et le rapatriement de corps de soldats tués sont les rares domaines dans lesquels Kiev et Moscou coopèrent malgré la guerre.
Les précédents échanges de prisonniers décidés à Istanbul avaient eu lieu lundi et mardi. Et mercredi, la Russie a remis à l'Ukraine 1.212 corps de soldats ukrainiens, récupérant de son côté 27 dépouilles de militaires russes.
- "Pression" -
Ces échanges se déroulent alors même que les combats se poursuivent sur le front, les forces russes poussant notamment dans la région de Soumy (nord), où elles se trouvent à une vingtaine de kilomètres de la capitale régionale.
L'armée russe a aussi mené ces derniers jours plusieurs séries de frappes nocturnes d'ampleur sur l'Ukraine, y compris sur la capitale, Kiev, le grand port d'Odessa ou la deuxième ville du pays, Kharkiv.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, 14 personnes ont été blessées à Kharkiv (nord-est) dans de nouvelles frappes de drones russes qui ont provoqué des incendies. La nuit précédente, trois personnes y avaient été tuées et une soixantaine blessées.
En Russie, un enfant de deux ans a été tué jeudi par une attaque de drone ukrainien dans la région frontalière de Belgorod, a annoncé sur Telegram son gouverneur, Viatcheslav Gladkov.
Les négociations en vue d'un cessez-le-feu sont dans l'impasse, Moscou s'y refusant tant que ses demandes maximalistes -- dont la cession de quatre régions ukrainiennes et le renoncement de Kiev à rejoindre l'Otan -- ne sont pas remplies.
Malgré cela, le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga, a assuré que Kiev souhaitait mettre fin à la guerre "cette année", à condition que les Occidentaux renforcent leur "pression économique" et "militaire" sur Moscou.
"La diplomatie de l'apaisement ne fonctionne pas avec la Russie", a-t-il martelé, prônant plutôt "la diplomatie de la pression".
R.Agosti--INP