Vers une consommation record de charbon en 2025, avant un début de déclin
La consommation mondiale de charbon devrait dépasser de peu son record en 2025, en partie grâce à des mesures politiques de l'administration Trump, mais devrait commencer à baisser d'ici 2030, sous l'effet de l'essor d'autres sources d'électricité, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
La demande mondiale de charbon en 2025 devrait augmenter légèrement, d'environ 0,5%, comparé à 2024, déjà une année record, pour ressortir à 8,85 milliards de tonnes, selon un rapport annuel publié mercredi par l'AIE consacré au charbon, le principal contributeur aux émissions de CO2 d'origine humaine.
Après le sommet atteint l'an dernier, 2025 s'achemine vers un "nouveau record historique" pour la consommation de charbon, a indiqué Keisuke Sadamori, directeur des marchés de l'énergie à l'AIE, lors d'une présentation à la presse.
Une année 2025 qui s'annonce aussi comme la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée, à égalité avec 2023 et derrière 2024, selon l'observatoire européen Copernicus.
Toutefois, la demande globale de charbon a "atteint un plateau", autrement dit elle tend à se stabiliser, précise l'AIE qui projette, comme prévu, que "d'ici 2030", elle "devrait légèrement diminuer, revenant au niveau de 2023", sous l'effet d'"une concurrence croissante avec d'autres sources d'électricité".
"Avec l'envolée des capacités renouvelables, l'expansion régulière du nucléaire et l'arrivée sur le marché d'une énorme vague de gaz naturel liquéfié", la production d'électricité à partir de charbon, qui représente les deux tiers de la consommation totale de ce combustible, "devrait reculer à partir de 2026" tandis que la demande pour les processus industriels "devrait rester plus résiliente", indique l'AIE.
Partout dans le monde, la part du charbon continue de s'étioler dans la production électrique: "en 2013, elle était de 41%, et en 2025 nous nous attendons à ce qu'elle soit autour de 34%, le niveau le plus bas de l'histoire statistique de l'AIE", souligne M. Sadamori.
"Pour les marchés mondiaux du charbon, l'ère de la croissance touche à sa fin, et les investisseurs devraient en prendre note", a commenté Christine Shearer, pour le centre de réflexion Global Energy Monitor.
- Plus forte hausse aux Etats-Unis -
La Chine, plus gros consommateur de charbon tout en étant le champion des énergies éoliennes et solaires, reste la locomotive du marché, engloutissant à elle seule 56% de la demande mondiale. Comme attendu, la consommation y est restée stable en 2025, par rapport à 2024.
Mais dans d'autres grands marchés, les trajectoires de consommation observées en 2025 ont contrasté avec les tendances récentes, selon l'AIE.
C'est le cas en Inde, moteur de la croissance du marché ces dernières années, où une mousson intense et précoce a entraîné un recul de la demande de charbon pour la 3e fois en 50 ans.
Au contraire, aux Etats-Unis, la hausse des prix du gaz et des politiques pro-énergies fossiles du gouvernement américain du président Donald Trump ralentissant la fermeture des centrales à charbon, ont soutenu la consommation, qui déclinait depuis 15 ans. A eux seuls, les Etats-Unis contribuent pour 37 millions de tonnes à l'augmentation globale de la consommation de 40 millions en un an.
Quant à l'Union européenne, la demande de charbon n'y a reculé que de 3%, après une baisse moyenne de 18% en 2023 et 2024, principalement en raison d'une faible production hydroélectrique et éolienne au 1er semestre.
"Malgré des évolutions atypiques (...), notre prévision pour les années à venir n'a pas changé de façon substantielle par rapport à 2024: nous anticipons une stabilisation de la demande mondiale de charbon avant une légère baisse d’ici 2030", a résumé Keisuke Sadamori, dans un communiqué.
L'Inde devrait enregistrer la plus forte hausse en valeur absolue de la consommation de charbon d'ici 2030, soit une hausse totale de plus de 200 millions de tonnes, l'Asie du Sud-Est enregistrant elle la croissance la plus rapide: plus de 4% par an.
Toutefois, l'AIE met en garde sur les "nombreuses incertitudes (qui) pèsent sur les perspectives du charbon, notamment en Chine". Au-delà de l'influence des conditions météorologiques, "si l'intégration de nouvelles capacités renouvelables dans les systèmes électriques progresse plus lentement qu'anticipé, la demande mondiale de charbon pourrait dépasser nos prévisions".
F.dAmico--INP