Airbus en forme face à Boeing toujours dans le rouge
Le géant européen Airbus affiche une santé financière enviable avec une nouvelle progression du bénéfice net au troisième trimestre, contrairement à l'américain Boeing, son principal concurrent, toujours dans le rouge.
Airbus a vu son bénéfice net bondir au troisième trimestre de 14%, à 1,1 milliard d'euros, grâce notamment aux solides performances des branches défense et hélicoptères.
Le chiffre d'affaires a également progressé de 14%, à 17,8 milliards d'euros. Sur les neuf premiers mois de l'année, il a grimpé de 7% à 47,4 milliards d'euros, le chiffre d'affaires de la branche défense progressant lui de 19% à 9,2 milliards d'euros.
Des résultats qui "reflètent le niveau des livraisons d'avions commerciaux ainsi qu'une solide performance dans les secteurs Defense and Space et Hélicoptères", a déclaré le patron d'Airbus Guillaume Faury.
Ils contrastent avec ceux de Boeing dévoilés quelques heures plus tôt: le constructeur américain a affiché une perte trimestrielle de 5,3 milliards d'euros, malgré un fort rebond de ses livraisons, du fait d'une charge conséquente sur son programme de bicouloir 777X, très en retard.
Airbus a maintenu son objectif de livraison en 2025 de 820 avions malgré les difficultés persistantes de sa chaîne d'approvisionnement.
Trente-deux avions terminés sont toujours dans l'attente de moteurs à cause des difficultés des sous-traitants Pratt&Whitney et CFM (Safran-General Electric). Ce problème s'est un peu résorbé, puisqu'au début de l'été, 60 avions étaient dans cette situation, a souligné Guillaume Faury au cours d'une conférence téléphonique.
L'industriel, qui n'en a remis que 507 à ses clients fin septembre et devra sortir plus de 100 appareils dans les mois à venir, rappelle que les livraisons se concentrent toujours sur la fin de l'année.
- Bémol sur A220 -
Autre bémol: Airbus a revu à la baisse la montée en cadence pour l'A220, à 12 par mois en 2026 contre 14 envisagés auparavant.
L'A220, assemblé principalement au Canada, mais aussi à Mobile (Alabama, Etats-Unis), est le petit monocouloir qui complète la famille A320 sur le marché du moyen-courrier.
La compagnie polonaise LOT, cliente traditionnelle de Boeing et du brésilien Embraer, a passé son premier contrat avec Airbus cet été, une commande ferme de 40 A220 avec une augmentation future à 84 avions de ce type.
En revanche, pour ce qui concerne son avion vedette A320, Airbus est confiant dans sa capacité à atteindre le niveau inédit de production de 75 appareils par mois à l'horizon 2027, quand il disposera de dix lignes d'assemblage dans le monde pour cet aéronef.
- Trump dynamise Boeing -
Malgré les difficultés persistantes, Boeing a tiré son épingle du jeu sur le plan commercial en dépassant Airbus en termes de commandes en 2025, soutenu par la politique agressive de Donald Trump.
Le géant américain affiche ainsi 774 commandes net fin septembre 2025 contre 514 pour Airbus. Il y a un an, Boeing en était à 272 contre 648 pour son concurrent européen.
"Il y a une vraie accélération de Boeing sur la partie commerciale cette année", commente dans une interview à l'AFP Florian Aknin, expert du cabinet de conseil Roland Berger.
Il note "un effet Trump qui essaie de tordre le bras des compagnies aériennes, lorsqu'elles sont assez proches des gouvernements pour acheter du Boeing plutôt que du Airbus", tout en soulignant qu'il s'agit d'un phénomène "plutôt à court terme".
Ainsi Boeing a engrangé en septembre 50 commandes d'appareils 787 de la part de Turkish Airlines et 14 de la part d'Uzbekistan Airways.
"Globalement, Boeing a fait une très forte année, mais plutôt sur la partie long-courrier. Cela ne remet pas en question la supériorité d'Airbus sur le moyen-courrier", selon Florian Aknin.
Victoire symbolique pour Airbus, son monocouloir A320 entré en exploitation en 1988 est devenu l'avion le plus vendu en monde, détrônant le 737 de Boeing, dont le premier exemplaire a été livré en 1968, selon les données des deux groupes communiquées en octobre.
Un succès qui s'explique à la fois par les difficultés du 737 MAX - immobilisé après plusieurs catastrophes aériennes, poussant certaines compagnies à se tourner vers l'A320 - et par la réussite de la famille A320neo, notamment de l'A321XLR, capable de rivaliser avec certains long-courriers et d'ouvrir de nouvelles routes, souligne Florian Aknin.
I.Altadonna--INP