Les avions d'Air Canada cloués au sol par une grève, le gouvernement intervient
Le gouvernement canadien a décidé samedi d'intervenir pour mettre fin à une grève d'hôtesses et de stewards paralysant les activités d'Air Canada, la principale compagnie aérienne du pays, en ce week-end estival, avec des centaines de vols annulés.
La ministre de l'Emploi, Patty Hajdu, a sommé les parties de "reprendre et poursuivre leurs activités et leurs fonctions".
La grève, initiée par le personnel navigant pour obtenir une meilleure rémunération, ne ferait qu'alourdir le "fardeau financier" des Canadiens, a-t-elle prévenu.
Le gouvernement fédéral a sollicité un arbitre indépendant, le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI), pour régler les différends entre la compagnie aérienne et le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).
Le CCRI a le pouvoir d'ordonner la reprise des activités, mais devra commencer par examiner les déclarations des parties et décider s'il souhaite intervenir, ce qui peut prendre "entre 24 et 48 heures", selon la ministre.
En attendant, la grève, qui impacte 130.000 passagers par jour selon Air Canada, se poursuit donc.
"Nous sommes profondément attristés pour nos passagers. Personne ne veut voir des Canadiens bloqués ou inquiets pour leurs projets de voyage, mais nous ne pouvons pas travailler gratuitement", a insisté Natasha Stea, une représentante des hôtesses de l'air.
- Travail au sol non rémunéré -
Le syndicat SCFP, qui représente quelque 10.000 personnels navigants, est entré en grève dans la nuit de vendredi à samedi pour réclamer de meilleures rémunérations.
Au-delà d'une augmentation de salaire, le personnel navigant réclame d'être rémunéré pour les heures de travail au sol, y compris lors de l'embarquement, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
En réponse, Air Canada a déclenché "un lock-out des 10.000 agents de bord d'Air Canada Rouge" représentés par le syndicat, clouant au sol ses avions.
Air Canada, qui dessert directement 180 villes dans le monde, "conseille fortement aux clients concernés de ne pas se rendre à l'aéroport".
Natasha Guwen fait partie des nombreux passagers dont le vol a été annulé. "Ils essaient de nous mettre sur un autre vol, mais rien n'est sûr", rapporte à l'AFP cette touriste indienne depuis l'aéroport de Toronto.
Avant même le début officiel de la grève, la compagnie aérienne avait progressivement réduit ses opérations. Vendredi soir, elle avait annoncé avoir déjà annulé 623 vols au cours des derniers jours, touchant plus de 100.000 passagers.
- Effets sur l'économie -
Le conflit, en pleine haute saison, met sous pression Air Canada. L'entreprise avait détaillé jeudi une offre de compromis prévoyant de porter le salaire annuel moyen d'un agent de bord senior à 87.000 dollars canadiens (65.000 USD) d'ici 2027, mais le SCFP avait jugé les propositions insuffisantes au regard notamment de l'inflation.
Le syndicat avait également rejeté les demandes de la compagnie et du gouvernement canadien de tenter de résoudre les contentieux en recourant à un arbitrage indépendant.
Ce n'est pas la première fois que le gouvernement canadien intervient dans un conflit social. En novembre 2024, il avait ainsi ordonné la reprise immédiate des opérations dans plusieurs ports canadiens, puis en août de la même année le retour au travail des cheminots.
Dans le cas d'Air Canada, la compagnie aérienne estime qu'il faudra entre cinq et dix jours pour que ses activités reprennent leur rythme habituel.
L'économie canadienne, bien que montrant des signes de résilience, commence à éprouver les effets de la guerre commerciale engagée par le président américain Donald Trump, avec des droits de douane affectant des secteurs cruciaux pour le pays comme l'automobile, l'aluminium et l'acier.
Dans un communiqué publié avant le début de la grève, le Conseil des affaires canadien, qui regroupe des dirigeants de plus d'une centaine de grandes entreprises, avait mis en garde contre le risque de voir ces difficultés aggravées par une grève à Air Canada.
"À un moment où le Canada fait face à des pressions sans précédent sur nos chaînes d'approvisionnement économique critiques, la perturbation des services nationaux de transport de passagers et de fret aérien causerait un préjudice immédiat et considérable à tous les Canadiens", avait estimé l'organisation.
T.Barbieri--INP