
Un trafic d'espèces protégées d'oiseaux au cœur d'un procès inédit

Un trafic présumé d'espèces protégées d'oiseaux, impliquant une douzaine de prévenus parmi lesquels des ornithologues, un parc animalier ou encore un revendeur en Belgique, sera jeudi dans le Lot au cœur d'un procès inédit en France, selon les parties civiles.
Plusieurs milliers d'oiseaux, comme des rossignols du Japon, des linottes mélodieuses, des chardonnerets élégants ou des bruants zizi, recherchés pour leur plumage, leur beauté ou leur chant, ont fait ainsi pendant plusieurs années l'objet de captures, de détention et de vente illégales, des faits commis en bande organisée, selon les éléments d'accusation dont l'AFP a pu prendre connaissance.
Selon la Ligue de protection des Oiseaux (LPO) et l'association France Nature Environnement (FNE), parties civiles, les protagonistes du dossier étaient mus par différentes motivations: l'appât du gain - certains spécimens se négociant jusqu'à 600 euros pièce - mais aussi par la passion ou la simple quête de l'oiseau rare.
A propos du procès devant le tribunal correctionnel de Cahors, FNE parle d'une "audience historique" portant sur "le plus gros démantèlement de trafic d'oiseaux en France" tandis que l'avocate de la LPO, Me Sandrine Gélis, évoque "le premier dossier de trafic d'oiseaux" faisant l'objet d'un procès en France.
Sont notamment poursuivis le propriétaire d'une oisellerie en Belgique et celui qui était, selon l'accusation, son intermédiaire principal, un Français résidant dans le Lot, chez qui il se rendait très régulièrement pour récupérer des oiseaux, capturés ou détenus par certains des autres prévenus, et dans tous les cas "extraits illégalement de leur milieu naturel", selon un communiqué de la procureure de la République de Cahors, Clara Ribeiro.
Un parc zoologique, le parc animalier des Pyrénées et l'un de ses anciens directeurs sont également visés dans la procédure.
- "Multitude de protagonistes" -
"La période de prévention s'échelonne de septembre 2012 à mars 2018, dans les départements du Lot, des Hautes Pyrénées, des Pyrénées Atlantiques, de l'Ariège, du Tarn, du Gers, du Lot-et-Garonne et des Landes", a expliqué la procureure de Cahors.
Ce dossier qui a fait l'objet d'une information judiciaire ouverte le 23 septembre 2016 a été marqué par "la multitude de protagonistes, leur implication différente, une dimension européenne, le nombre et la complexité technique des incriminations", a souligné Mme Ribeiro.
Dix personnes impliquées dans cette affaire ont déjà été jugées dans le cadre d'une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), a-t-elle indiqué, sans préciser les condamnations prononcées.
En février 2017, après environ deux ans d'une enquête débutée au printemps 2015, ce qui était à l'époque l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS, fusionné en 2020 avec l'Agence française pour la biodiversité pour devenir l'OFB, Office français de la biodiversité), avait procédé à une vague d'interpellations dans une trentaine de lieux, donnant lieu à la saisie d'environ 430 oiseaux détenus dans des volières, de plus de 140 pièges ainsi que de l'argent liquide.
D'autres associations comme l'Association pour la protection des animaux sauvages ou l’Association française des parcs zoologiques, ou encore le Museum national d'histoire naturelle, se sont également portés parties civiles dans cette affaire.
M.Costa--INP